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La Mariguita en a assez de son mari qui passe son temps à jouer aux mikados. Elle décide donc de s'en débarrasser pour l'échanger contre un homme en tissus qu'elle a confectionné avec soin. Une succulente soupe à l'eau de javel le fera monter au paradis rapidement. Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que les mikados servaient à la construction d'un superbe château... regrettant son geste, elle tentera de réanimer son défunt mari, en vain. Elle devra boire la fameuse potion pour le rejoindre au paradis.
Voilà une histoire de couple singulière où la femme, mi-ange, mi-démon, prémédite le meurtre de son mari (que l'auteur fait rimer avec ennui) car elle préfère être accompagnée d'un poupon de chiffon désarticulé et privé de la parole (stigmatisé par une bouche cousue jaune dans le dessin).
L'illustration est intéressante notamment au niveau des visages: les différents profils, les détails du nez des personnages, les regards et les couleurs...le tout est très expressif et inattendu. On remarquera particulièrement le visage bleuté et le nez crochu de la Mariguita, qui a tout d'une sorcière, ainsi que les yeux en croix du mari décédé.
L'univers graphique de Géraldine Alibeu est très riche. La précision de son dessin et ses personnages très travaillés donnent à l'ensemble une remarquable consistance. Le texte fait penser à une petite ritournelle bien rythmée, légère et harmonieuse, qui se révèle pourtant lourde de sens. La chute est amère mais la fin reste ouverte, comme pour soulager un peu le lecteur.
Le début de l'album: "Ecoutez cette affreuse histoire..." nous annonçait la couleur et le ton de l'album. On peut vouloir éviter de raconter une histoire cruelle à son enfant, mais il ne faut pas oublier que nos contes traditionnels sont, par essence,des histoires impitoyables.
A réserver aux plus grands et même aux adultes qui veulent se confronter à la notion de bonheur...
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